Selon une étude, les transferts monétaires ont un impact positif sur la santé des familles à bas-revenus de New York
Selon une étude, les transferts monétaires ont un impact positif sur la santé des familles à bas-revenus de New York.
- Pendant trois ans, 4.700 familles new-yorkaises à bas-revenus ont reçu des aides financières conditionnées à la réalisation d’activités bénéfiques pour la santé, telles que l’assiduité scolaire ou la fréquentation de services de médecine préventive.
- En comparaison au groupe-contrôle qui ne recevait pas de transferts en espèces, les familles impliquées dans le programme ont davantage eu recours à leur médecin généraliste (+4,2%) et aux examens dentaires (jusqu’à +15%). Le programme a également permis de légères améliorations dans le niveau d’espoir et le bien-être parental.
- Les transferts conditionnels en espèces ont fait leurs preuves dans la réduction des inégalités, principalement en Amérique latine. Il s’agissait de la première expérience pour un programme de ce type dans un pays à hauts-revenus. Ces programmes gagnent aussi du terrain en Europe.
- LIFEPATH est un projet financé par l’Union européenne qui a pour but d’examiner les mécanismes biologiques sous-tendant les inégalités sociales dans le vieillissement en bonne santé.
Milan/Bruxelles, 5 mars 2018 – LIFEPATH annonce la publication de sa nouvelle étude sur les impacts sanitaires de « Opportunity NYC-Family Rewards », un programme de transferts monétaires conditionnels dans la ville de New York. Ce programme visait à améliorer la santé de la population en conditionnant le versement d’une aide financière en espèces à l’accomplissement de certaines activités comme la fréquentation scolaire, l’utilisation de services de santé préventifs et la participation des parents au marché de l’emploi. « Family Rewards » était commandité par le bureau du Maire de New York et évalué par MDRC, un institut de recherche des politiques publiques sans but lucratif. Il s’agissait du premier programme de transferts conditionnels en espèces destinés aux familles à bas-revenus aux Etats-Unis. L’étude, publiée dans le numéro de mars de « Health Affairs », une revue spécialisées dans les politiques de santé, montre que « Family Rewards » a eu des effets faibles mais significatifs sur l’utilisation de certains services de santé préventifs, particulièrement en dentisterie. De plus, le programme a eu un impact positif sur la perception des parents de leur santé et de leur niveau d’espoir, principalement à travers une amélioration de leur bien-être financier. Cette étude, une collaboration entre le King’s College de Londres, l’Université de Columbia et MDRC, fait partie de LIFEPATH, un projet financé par l’Union européenne qui a pour but d’examiner les mécanismes biologiques sous-tendant les inégalités sociales dans le vieillissement en bonne santé.
Dr. Emilie Coutrin, chargée de recherche au Département « Global Health and Social Medicine » du King’s College de Londres (R.-U.), et ses collègues ont montré que la participation à ce programme était associée à une probabilité accrue d’avoir eu au moins deux examens dentaires au cours de l’année (de 13% chez les adultes et près de 15% chez les enfants, 42 mois après le début du programme). « Family Rewards » a aussi eu des effets positifs sur le taux de couverture en assurance-santé et sur le traitement des pathologies. Les participants étaient également moins susceptibles de renoncer à des soins médicaux à cause de leur prix. Ces effets se sont traduits par des améliorations modestes de l’état de santé auto-évalué par les parents et leur niveau d’espoir.
Les programmes de transferts monétaires conditionnels prévoient le versement d’une aide en espèces aux familles à la condition qu’elles s’acquittent d’actions bénéfiques à long-terme telles que l’utilisation de services de santé préventifs ou la fréquentation scolaire régulière. « Opportunity NYC-Family Rewards » était le premier programme de ce type pour les familles à bas-revenus aux Etats-Unis. Il a été créé par le « New York City’s Center for Economic Opportunity » (aujourd’hui « NYC Opportunity ») en partenariat avec MDRC et Seedco. Le programme était financé par le secteur privé et a bénéficié à plus de 4.700 familles dans six communautés parmi les plus défavorisées de New York - deux dans chaque arrondissement du Bronx, Brooklyn et Manhattan. Mis en oeuvre de 2007 à 2010, le programme a fourni des allocations en espèces dans les domaines de l’éducation des enfants, les soins de santé préventifs et l’emploi. En trois ans, 20,6 millions de dollars ont été distribués via des transferts en espèces aux familles participantes, avec en moyenne 8.674 $ par ménage. Jusqu’ici, des effets positifs ont été démontrés sur la réduction de la pauvreté et des difficultés matérielles, ainsi qu’une amélioration du bien-être financier et du taux d’obtention de diplôme pour les enfants. Cette nouvelle étude explore ses effets sur la santé et l’utilisation des services de santé.
Selon le Dr. Courtin, auteure principale de l’étude, « Family Rewards était le premier programme de ce type aux Etats-Unis. Ajoutés au solide filet de protection sociale existant à New York, les transferts conditionnels en espèces ont conduit à certaines améliorations tant dans l’accès aux soins de santé que dans l’état de santé auto-évalué des familles pauvres ». Le Dr. Courtin ajoute : « un atout important de cette étude est sa méthodologie. Family Rewards a été évalué via un essai comparatif aléatoire - la règle d’or pour juger des effets d’un programme de ce type».
Un résultat déconcertant était les effets relativement faibles du programme sur la santé infantile: selon le Professeur Avendano du King’s College de Londres, « nous n’avons trouvé aucune preuve que le programme améliorait la santé des enfants. Cependant, ces résultats doivent être interprétés avec prudence, car il se peut que les effets positifs chez les jeunes enfants prennent plus de temps à se manifester».
Les transferts conditionnels en espèces: une invention latino-américaine, étendue au monde.
Depuis leur introduction au Mexique et au Brésil en 1997, les programmes de transferts monétaires sont devenus une politique largement répandue pour améliorer l’éducation et la santé des enfants pauvres dans les pays en voie de développement. Ils ont été mis en oeuvre, avec l’appui de la Banque mondiale et d’autres institutions financières internationales, particulièrement en Asie du Sud-Est et en Amérique latine.
Leur objectif est d’augmenter l’investissement dans le capital humain parmi les ménages pauvres afin de briser le cycle de transmission intergénérationnel de la pauvreté et de générer des bénéfices aux niveaux individuel et collectif. En Amérique latine, ces programmes ont produit des augmentations significatives de l’utilisation des services de soins, y compris du nombre de visites à l’hôpital et de consultations prénatales ou pédiatriques. Les études montrent que ces programmes ont également amélioré certains indicateurs de santé - en particulier les indices développementaux, nutritionnels et cognitifs des enfants.
« Les programmes de transferts monétaires conditionnels sont devenus de plus en plus populaires dans les pays à moyen et faible revenu », explique Pr. Paolo Vineis, Président du Département d’épidémiologie environnementale à l’Ecole de Santé Publique du Imperial College de Londres et coordinateur du projet LIFEPATH. « Mais ces programmes associés à différents types de conditions comportementales gagnent également du terrain dans les pays développés. Notre étude peut aider à tirer des leçons, positives et négatives, et éclairer la conception d’expériences similaires en Europe ».
Selon James Riccio de MDRC, « il est essentiel d’avoir des preuves solides de ce qui fonctionne, et ce qui ne fonctionne pas, pour comprendre le potentiel et les limites des programmes de transferts conditionnels en espèces ».
À propos de LIFEPATH
LIFEPATH est un projet financé par l’UE avec pour objectif de fournir des preuves actualisées, pertinentes et innovantes de la relation entre les inégalités sociales et l’espérance de vie en bonne santé afin de jeter les bases pour le développement de futures politiques et stratégies de santé. Les experts de LIFEPATH développent une méthodologie originale qui intègre les sciences sociales, la biologie et l’analyse « big data » en partant de cohortes de population existantes et des technologies en « -omics ».
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